Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LA FEMME DANS LE ROMAN POLICIER sistiblement penser — beauté en moins — à ces jeunes gens aux noms de fleurs qui étaient le pénis de la Déesse. Tout autre, naturellement, est Félicie, la vierge/mère. Veuve, aimante et parfaite, rien n'existe pour elle que son fils. Celui-ci vit avec elle ; ils forment un couple, et on sent bien que jamais il ne la quittera pour fonder une famille. Il a des aventures, mais avec des femmes qui ne comptent pas : c'est un séducteur, un Don Juan, avec ce que cela implique d'immaturité affective et d'attachement excessif à la mère. Devant elle, il est un enfant : « C'est fou ce que je peux me déballonner facilement devant ma mère... je suis le petit moujingue e», et elle le traite comme tel : « Elle se retourne, radieuse, et me découvrant en pyjama mur- mure, d'une voix qui n'ose pas exprimer trop d'espoir : " Tu n'es pas pressé ce matin ? Bien vrai, mon grand, tu passes ta journée ici ? " » Aussi, lorsqu'il est loin de sa maman, le rôle est repris par Marie-Marie qui, lorsque les choses menacent de mal tourner, rétablit la situation. Elle représente Félicie jus- qu'à en parler comme elle : « Antoine, c'est pas vrai dis, t'es pas blessé ! T'es pas blessé, mon grand ! — V'là qu'elle m'a appelé mon grand, comme le fait Félicie — Je lui souris '. » Nous retrouvons donc, chez San Antonio, le clivage « bonne mère » et « mauvaise mère », « Vierge » et « Putain », chacune portée, naturellement, au paroxysme. B.B. est un monstre d'horreur, Félicie en est un de bonté. 6. Laissez tomber la fille, p. 191. 7. Viva Bertaga, p. 155. 311

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