Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE s'approcher de l'armée quand celle-ci part en cam- pagne » Chez les Indiens d'Amérique du Sud, les femmes âgées ne sont plus considérées comme des femmes, c'est-à-dire qu'elles ne sont plus maléfiques, et peuvent prendre part sans restrictions à la vie du groupe. « Chez les Winnebago, il se célèbre une certaine solennité d'où sont absentes toutes les jeunes filles approchant de l'âge de la puberté, tandis que les femmes âgées, ayant passé leur époque criti- que, y siègent tout à côté des hommes ; en effet, on les considère comme identiques à ces derniers, parce qu'elles n'ont plus leurs règles ". » Ce n'est donc pas la femme en tant que telle qui est redoutable, mais bien celle qui, grâce à son sang, peut mystérieusement procréer : une fois de plus, c'est la figure de la Mère qui s'impose. On peut alors se demander si c'est bien la faiblesse physique des femmes qui les a écartées de certains tra- vaux. La première explication de ce fait donnait en effet cette moindre musculature, cette moindre résistance physi- que des femmes, comme cause de la discrimination. Cette raison, toutefois, n'était guère convaincante, et une deuxième raison était alors avancée : le seul désir d'inférioriser les femmes. Margaret Mead se fait l'écho de cette interprétation lorsqu'elle écrit : « Dans toute so- ciété connue se manifeste chez l'homme le besoin d'accom- plir. Ils peuvent faire la cuisine, tisser, habiller des pou- pées ou chasser l'oiseau de Paradis ; si ces activités leur sont réservées, alors toute la société, femmes et hommes, les considère comme importants ". » 42 et 43. Webster, Le Tabou, Payot, p. 113. 44. Margaret Mead, L'Un et l'autre Sexe, p. 148. 306

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