Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE même a déjà donné toute la puissance contenue dans son propre sang à son enfant et qu'elle doit donc y ajouter, si elle veut qu'il vive, celle contenue dans le sang d'une autre femme. On s'explique alors l'horreur et la crainte que provoque le sang d'une fausse couche, qui réunit en elle les maléfi- ces des deux autres : pire que le sang des règles, car alors l'enfant n'a pas encore été commencé ; pire que celui de la naissance, car, même affaibli par la partie du sang qui a été perdu, il n'en est pas moins présent et vivant. Le sang de la fausse couche, lui, est la preuve d'un assassinat : la mère a refusé son sang à son enfant jusqu'à provoquer sa mort ! On retrouve également en Europe cette idée que c'est le sang menstruel qui crée l'enfant. Par exemple, Marie- Christine Pouchelle écrit, dans son article intitulé L'Hy- bride : « Tout corps humain porte en lui une dualité mau- dite : le corps masculin renferme en lui du sang menstruel : c'est le sang qui a contribué à former la chair du foetus, une partie des nerfs ; une portion de ce sang reste dans " les canaux des membres " du nouveau-né et y demeure : on n'a jamais fini de l'évacuer, même en se faisant régulière- ment saigner deux fois l'an. Ce sang est porteur de maladie 41 » On voit donc, à travers tous ces exemples, que le sang féminin est investi d'une puissance réellement fantastique ; que ce soit dans un sens maléfique — le plus souvent - ou dans un sens bénéfique : la création d'un enfant. 41. M. C. Pouchelle, « L'Hybride », N.R.P., n" 7, p. 50. 304

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