Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE un python d'eau, et provoqua le cataclysme qui détruisit la Terre entière a. » Chez les Indiens Bribris de Costa Rica, c'est la mort du bétail et des personnes qu'elle provoquerait ; aussi ne mange-t-elle que dans des feuilles de bananier qu'elle jette ensuite dans un endroit inaccessible. Chez d'autres peuples, ce sont non seulement les gens, les bêtes et les plantes qu'elles risquent de tuer, mais aussi elles-mêmes ; aussi ne se touchent-elles point, non plus que leurs aliments : à Mabniag, pendant trois mois au moment des premières règles, à Sabai pendant quinze jours, la jeune fille est enfermée, et est servie par des femmes qui lui mettent la nourriture dans la bouche sans la toucher. Les mêmes tabous s'observent au moment des naissan- ces : « Chez beaucoup de peuples, écrit Frazer, on impose aux femmes en couches des restrictions analogues et appa- remment dans le même but : on suppose que les femmes, lors de telles périodes, sont dans un état précaire, qui infecterait toute personne ou tout objet qu'elles viendraient à toucher, aussi les met-on en quarantaine jusqu'à ce que, avec le retour de la santé et de la force, le danger ima- ginaire ait disparu ". » Ainsi à Tahiti, une femme restait enfermée quinze jours à trois semaines après une naissance, et ne devait pas prendre elle-même sa nourriture ; ainsi dans le Sud Pacifi- que, à Manahiki, quelqu'un d'autre devait la nourrir pen- dant dix jours ; ainsi en Nouvelle-Guinée, elle devait se 35. Elwin, The vagina dentata, p. 443. 36. Frazer, op. cit., p. 123. 300

RkJQdWJsaXNoZXIy MTc5ODk=