Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LES DENTS ET LE SANG fluités soient ou bien digérées, ou bien évacuées : il s'agit en effet d'un sang dangereux, corrompu, formé en grande partie de résidus mélancoliques, lesquels sont la lie du corps. La présence de ce sang dans le corps est génératrice de maladies et, en particulier, de la lèpre : d'où le danger que l'on fait courir à un enfant si on l'engendre à l'époque des règles », et elle ajoute : « Ce sang, c'est la mort, la pourriture menaçante. » Et « enfermé depuis la génération dans les canaux des membres du foetus » (Henri de Mon- deville), il engendre des maladies, outre la lèpre, la rou- geole et la variole. On comprend mieux l'énorme impor- tance accordée à la saignée au Moyen Age... Ce qui est ainsi évacué, c'est non seulement un sang corrompu, mais un sang maternel, féminin Chez d'autres peuples, les femmes sont si chargées de maléfices à l'époque de leurs règles, que même les objets qu'elles touchent deviennent funestes ; ainsi les femmes australiennes ne doivent-elles — sous peine de mort — ni toucher aux objets dont pourraient se servir tes hommes, ni même marcher sur un chemin qu'ils pourraient emprun- ter. « Un Noir d'Australie, qui découvrit que sa femme s'était étendue sur sa couverture lors de sa menstruation, la tua, et mourut lui-même de terreur avant deux semai- nes " », dit Frazer, et Elwin peut écrire : « Un mythe des Indiens Chaco évoque quelle catastrophe peut provo- quer tout manquement à la coutume ; une fille en état de menstrues alla chercher de l'eau et, de ce fait, offensa 33. M. C. Pouchelle, « L'Hybride », Nouvelle Revue de Psy- chanalyse, 1973, n" 7. 34. Frazer, Le rameau d'or, t. 3, Tabou et les périls de l'âme, p. 122. 299
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