Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE de créatures inspirant autant de crainte qu'une femme en état de menstruation '°. » Chez les Esquimaux Netsiliks, les femmes sont tenues de proclamer leur état d'impureté, pour que les chasseurs — et tout un chacun — puissent les éviter. « Une Sa- moyède, pendant ses époques, est regardée comme une créature abominable ; il ne lui faut toucher aucun ali- ment ; elle ne doit rien présenter à un homme, et il lui est interdit de consommer du gibier récemment abattu '1. » Pour les Bacas d'Afrique du Sud, si un homme touche une femme ayant ses règles, ses os s'amollissent, tandis que pour les Ba-ila, c'est la virilité du mari qui perdrait de sa fermeté. Pour le peuple Ga (Côte-de-l'Or), les divinités fluviales ne supportent pas une femme dans cet état, aussi font-elles naufrager tout bateau sur lequel une d'elles aurait pris place. « Chez beaucoup de tribus indiennes d'Amérique, une jeune femme en état de menstruation est supposée polluer tout ce qui entre en contact avec elle », écrit Webster, qui ajoute : « Les Caraïbes de la Guyane britannique croient qu'un homme qui mange des mets préparés par une femme pendant son époque ne se portera jamais bien ; qu'il sera malheureux à la chasse si ses armes ont été touchées par une femme passant par cet état 32. » Dans nos régions, c'est la transmission de ce sang ma- léfique à l'enfant qui est redoutée, et M. C. Pouchelle écrit qu'au Moyen Age : « Il est de toute nécessité que ces super- 30. Frazer, Tabou et les périls de l'âme, Paul Geuthner, p. 122. 31. Webster, op. cit., p. 104. 32. Webster, op. cit., p. 101. 298
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