Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE On rougit presque de révéler que les émanations gazeuses de certaines femmes ont, et le fait est prouvé scientifique- ment, fait faner les fleurs auxquelles elles avaient tou- ché ". » J'ignore si certaines femmes, atteintes de dérèglement hormonal, font faner les fleurs à certains moments, et si d'autres provoquent des troubles chez leur bébé. Ce que je sais à coup sûr, c'est que, s'ils existent, ces cas sont rares et pathologiques, ou alors le métier de fleuriste serait interdit aux femmes, et il y aurait beaucoup de bébés troublés. Ce qui est étonnant — et symptomatique — c'est que de ces quelques cas rares, ou peut-être imaginaires, Lederer se serve pour donner une sorte de caution « scientifique » aux légendes qui se font l'écho de la « puissance » du sang menstruel. Ce qui est étrange — et symptomatique - c'est qu'un médecin puisse écrire : « On a presque honte d'avouer... que certains biochimistes... ont découvert l'exis- tence de ménotoxines » ou encore : « On rougit presque de révéler que les émanations gazeuses de certaines fem- mes ont, et le fait est prouvé scientifiquement, fait faner les fleurs auxquelles elles avaient touché » , car, ou ces faits sont scientifiquement prouvés et on ne conçoit pas pourquoi on aurait honte, on rougirait d'en faire état, ou ils ne le sont pas, et on est conduit à en conclure qu'ils ne sont cités que pour donner une caution au fait que l'on croie, partout dans le monde, « qu'il n'y a pas de limite aux maux qu'apporte la femme qui menstrue » ; et Lederer d'ajouter, comme si cela pouvait clore le débat : 27. Lederer, op. cit., pp. 31 et 32. 296
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy MTc5ODk=