Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES DENTS ET LE SANG Si l'on trouve Pline bien ancien, voici ce qu'écrit, en 1968, dans notre Occident si évolué, le Dr W. Lederer (comme toujours écartelé entre l'évidente absurdité de ces croyances et ce qui, en lui, est prêt à les accepter, sous une forme légèrement différente) : « En fait, il n'y a pas de limite aux maux qu'apporte la femme, maux dont Brif- f ault dit ne nous avoir donné qu'un aperçu incomplet dans les vingt-cinq pages de son ouvrage monumental. Je suis certain qu'ils se chiffrent à plusieurs centaines. Il faudrait alors y inclure les croyances populaires selon lesquelles les règles font aigrir le vinaigre, le vin, tuent les jeunes plantes, obscurcissent les miroirs, brisent l'échine des chevaux et font tourner la mayonnaise ; cette dernière croyance existe d'ailleurs encore. Fort heureusement, de même que tout poison peut avoir des applications béné- fiques, on voit, selon l'époque et le pays, des jeunes filles se promener à dessein au moment de leurs règles à travers bois et pâturages pour détruire, grâce à leurs miasmes toxiques, les chenilles, sauterelles et autres insectes nui- sibles des jardins. » Certes, Lederer n'ajoute pas foi à pareils racontars, mais il ajoute : « On a presque honte d'avouer que sur la foi de pareilles superstitions, certains biochimistes modernes ont entrepris de vérifier ces assertions et ont découvert l'existence de ménotoxines, probablement des protéines dues au dérèglement de la fonction hépatique pendant les règles, par un catabolisme et une " détoxification " défec- tueux. On prétend que les bébés allaités par la mère pendant ses règles révèlent certains désordres physiolo- giques ; lorsqu'on injecte des tissus endométriques mens- truels à des rats, on provoque leur mort, alors qu'ils sur- vivent à des doses triples d'endometrium intermenstruel. 295

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