Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE entre dans la hutte où l'on séquestre les femmes ayant leurs règles est frappé de cécité. — Pour les Maoris, si une femme ayant ses règles pas- sait sur une plage, tous les coquillages de cette plage par- taient pour « aller vers de nouveaux pâturages », et si elle s'approchait du feu destiné à capturer des oiseaux, les oiseleurs ne pouvaient plus en capturer un seul ; elles ne devaient pas non plus toucher aux plantes, sous peine de les voir périr. Il en est de même à Sumatra où les Menangbakan pen- sent que les femmes, à ce moment-là, font pourrir toute la récolte de riz en s'approchant du champ, même si elles n'y pénètrent pas. Pour les Toradja des Célèbes, c'est le tabac qui subit ce sort, pour peu qu'une jeune fille porte sur elle un jupon taché de ce sang. Il ne faut pas croire que ces légendes ne soient le fait que de ces Maoris, Toradja et autres Buka, autrement dit de « primitifs », bien éloignés des « civilisés » que nous sommes. Pline l'Ancien écrivait : « Qu'une femme en cet état s'approche, les vins nouveaux s'aigrissent, les plantes des jardins se dessèchent, et les fruits de l'arbre sous lequel elle s'est assise tombent... L'airain même et le fer deviennent la proie de la rouille et contractent une odeur repoussante. Les chiens qui en ont goûté deviennent enragés, et le venin de leur morsure est sans remède. Le bitume, qui est de nature à se coller fortement à tout ce qu'il touche... ne peut se rompre qu'avec un fil trempé dans cette liqueur puissante ". » 26. On pourrait proposer la recette à ceux qui s'obstinent bêtement à se servir d'un chalumeau... 294

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