Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LES DENTS ET LE SANG truation soit couramment faite de crainte invétérée et d'extrême aversion ». — Ainsi, dans la tribu de la baie d'Encounter, la femme doit jeter un cri d'avertissement à tout mâle qui passe si elle a ses époques. En effet, si le tabou était transgressé, l'homme verrait ses cheveux devenir gris et perdrait ses forces. — Ainsi, dans la tribu Wakelbura du Queensland, la peur qu'inspire une femme dans cet état est telle qu'elle est chassée du camp (à plus d'un kilomètre de distance) car, si un homme la voit, il meurt ; si elle se laisse voir par un homme, c'est elle qui est mise à mort. — Ainsi, les tribus Kabi et Wakka ne passent jamais sous un arbre ou une barre de bois car, disent-elles, il pourrait y avoir sur ce bois du sang menstruel qui pourrait tomber sur les passants. Pour les Kakadu d'Arnhem, le sang menstruel tue les chiens et blesse les hommes. — Pour les Mumgins (Australie), si un homme et une femme en cet état montaient dans un canot, un grand serpent mythique les engloutirait tous les deux. — A Buka, une femme ne peut, pendant ses époques, ni préparer la cuisine pour son mari, ni travailler au jar- din — la récolte serait perdue —, ni aller au bord de la mer — la pêche en serait gâtée. — Pour les natifs des îles Marquises « le sang de la menstruation était, entre toutes choses, ce qui souillait le plus. Quiconque y touchait, même fortuitement, contrac- tait une maladie resserrant ses articulations, en particulier celles des pieds, des mains et des doigts. » — Les naturels de Mangariva croient que quiconque 25. H. Webster, Le Tabou, Payot, p. 96. 293
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