Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE faut tuer si l'on veut vivre ; mais il faut lire entre les lignes, car nulle part il n'est dit que la Mère n'est pas une femme comme les autres. Il n'y a pas que les vagins dentés ou serpentés, que les mères tueuses ou dévoratrices pour donner de la femme une image inquiétante : toutes les femmes sont dangereu- ses du simple fait qu'elles perdent du sang chaque mois et à chaque naissance. Ce sang est extrêmement angoissant, polluant et maléfi- que, et toutes les traditions, toutes les légendes qui s'y rapportent, et même les religions, mettent en garde contre ses dangers. Ainsi lit-on dans le Talmud que si une femme marche entre deux hommes alors qu'elle a ses règles, l'un des deux mourra ; Zoroastre interdit aux femmes en cet état de toucher l'eau ou le feu sous peine de sévères punitions ; pour les Mazdéens, c'est Jahi (la menstruation) qui a pour but « d'empoisonner l'homme juste, le boeuf laborieux, l'eau, les plantes, le feu et la création tout entière » ; pour ceux qui pratiquent les lois de Manou, c'est la sagesse, l'énergie, la force, le droit et la vitalité qui sont perdues pour l'homme qui s'approcherait d'une femme ayant ses règles. Il semble donc que rien ne soit plus dangereux qu'une femme en cet état et, devant une telle avalanche de catas- trophes, on peut comprendre, comme le dit Webster, que « l'attitude des hommes envers les femmes en état de mens- et de faire son entrée dans la société dont, jusqu'alors, en tant que chasseur et maître des animaux sauvages, il était exclu (op. cit., p. 9). 292

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