Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE Puis il va chercher sa mère et la ramène au palais avec lui. Le garçon part chaque matin à la chasse. Un jour, la mère découvre le Géant au fond de son puits et, émue par ses lamentations, l'en sort et le ramène au palais. Le soir, au retour du garçon, la mère et le Géant se sont déjà mis d'accord pour le tuer. La mère fait semblant d'être malade et envoie son fils lui chercher des remèdes dans des endroits dangereux ; mais lui, loin d'y perdre la vie, revient chaque fois avec les remèdes demandés. La mère alors impose à son fils des épreuves, disant par exemple : « Ton père était capable de casser des cor- des enroulées cinq fois autour de ses poignets ; voyons, mon fils, si toi aussi tu pourrais en faire autant. Si tu les casses, mon fils, je saurai que tu es un homme de la taille de ton père. » On lie les poignets du fils, qui casse les cinq cordes. La mère exige ensuite qu'il casse neuf cordes, et il s'exécute. Alors, la mère a recours à la ruse suprême : c'est avec ses cheveux qu'elle lie les poignets de son fils ; celui-ci ne peut les casser, et dans ses efforts s'entaille profondé- ment les poignets. « Grâce, mère, je ne pourrai les casser », dit le garçon ; Mais la femme n'entend point les supplications de son enfant. Quand celui-ci s'étire une troisième fois, de toutes ses forces, ses poignets se détachent. La femme, alors, laisse descendre le Géant et lui fait dévorer le garçon Mais un vieillard ressuscite le jeune homme, qui re- tourne au palais, tue sa mère, quitte sa demeure, va tout droit à la maison de la princesse, qu'il épouse après qua- rante jours et quarante nuits de réjouissances. 24. G. Calame-Griaule, La mère traîtresse, Publications Orientalistes de France, p. 28. 290

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