Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE épouses ne veulent nullement mutiler leurs maris, il n'en reste pas moins que ceux-ci recèlent dans leur inconscient une peur panique d'être châtrés. Il me semble que la seule façon d'expliquer une telle discordance entre ces deux points de vue est d'admettre que le désir attribué aux femmes de couper et de s'attribuer le pénis est, en réalité, le désir attribué à la Phantasmère de châtrer son fils ; qu'on a donc — une fois de plus - déplacé sur la femme une angoisse suscitée par la Phan- tasmère et qu'on lui a adressé un reproche qu'elle ne méritait pas. Cette façon de voir me semble mieux expliquer tous ces phantasmes de vagins dentés et de clitoris fléchés qui hantent les cervelles masculines, que ne le fait l'affirmation d'un désir féminin exacerbé de posséder un pénis, ni surtout l'extravagante idée que les femmes veulent vrai- ment émasculer leurs maris et fils. Si tel était réellement leur désir, on peut penser qu'elles auraient trouvé un autre moyen de le réaliser que de se doter de quelque chose d'aussi horrible qu'un vagin denté, ou que de rendre malade et de châtrer les hommes comme ces « femmes qui suscitent des maladies chez les hommes en ensorcelant, par des incantations, un de leurs doigts qui est alors introduit dans la vulve ; l'homme qui l'ac- cointe après cela deviendra malade et perdra ses orga- nes 20 » ; ou encore de se muer en fantôme, comme le croient les Malais : « Les Malais supposent que Pontia- naka est le fantôme d'une femme morte en couches, qui s'offre à minuit aux hommes et les émascule 21. » 20 et 21. Ernest Grawley, The Mystic Rose, Macmillan and Co, New York, pp. 183 et 195. 286

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