Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES DENTS ET LE SANG d'avoir un pénis qui est censée mener les femmes, il n'y a rien d'autre qu'un phantasme *... Benoîte Groult, après avoir recensé quelques-unes des mutilations imposées aux femmes : excision, accouche- ments atroces, plateaux distendant les lèvres, colliers des femmes-girafes, torture des pieds des Chinoises, etc., dit son étonnement : « Il est assez surprenant, quand on découvre l'interminable liste des mutilations physiques ou morales qui jalonnent l'histoire de l'oppression féminine, d'entendre les psychanalystes faire de la peur de la castra- tion chez le garçon une des bases de son comportement. Aucune race, aucun peuple... aucun groupe de femmes, même les Amazones, n'a jamais envisagé de castrer les hommes. Loin de s'en prendre au pénis, les Amazones ne se sont souciées que de rectifier leur sein droit pour mieux tirer à l'arc. De même, on n'a jamais entendu parler d'une mère, si castratrice soit-elle, qui ait coupé le zizi de son fils, ou de femmes qui aient châtré leurs amants ". » On ne peut qu'accepter ces constatations de Benoîte Groult, comme on ne peut que l'approuver lorsqu'elle dénonce ce fait : on accable les femmes en leur reprochant de pratiquer sur leurs compagnons une mutilation que nous savons tous être imaginaire, et on « oublie » de s'indigner vraiment lorsqu'il s'agit des tortures — trop réelles celles-là — que l'on inflige aux femmes. Et pourtant, les psychanalystes ne font que traduire ce que disent les analysants, lorsqu'ils mettent au premier plan la peur de la castration. Car s'il est vrai que les * Ceci n'exclut nullement un désir de pénis parallèle au désir d'utérus chez l'homme, ni l'envie secondaire du pénis. 19. Benoîte Groult, Ainsi soit-elle, Grasset, p. 121. 285

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