Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LES DENTS ET LE SANG qu'aucun tabou ne protège la virginité des filles, qu'elles ne sont dangereuses ou sacrées ni en partie ni en totalité, qu'elles sont, au contraire, tout à fait noa. Et pourtant, c'est dans toutes les cultures que l'on retrouve des récits qui montrent que : 1) les femmes tuent ou émasculent les hommes avec leur vagin denté ; 2) elles sont des ogresses toujours prêtes à dévorer leurs propres enfants ; 3) elles mettent en péril leur famille, leur peuple, voire toute l'humanité par leur sang menstruel. Or ces trois actes sont ceux que l'on attribue à la Phantasmère : le premier rappelle que la Grande Déesse ne créait des fils que pour leur prendre leur pénis ; il est aussi le désir/crainte de se perdre dans l'utérus maternel ; le deuxième rappelle que l'enfant est toujours en danger d'être mangé par sa mère, s'il ne la tue avant ; le troisième enfin rappelle la fécondité féminine, et évoque le temps où la Grande Déesse était la seule procréatrice. La première de ces craintes est liée à la « Vagina dentata », c'est-à-dire à ce qui permet aux femmes - dignes petites-filles de la Grande Déesse — d'émasculer leurs compagnons. Freud nous avait bien avertis : « Elles envient leur frère qui possède un signe de masculinité dont le défaut chez elle fait qu'elles se sentent lésées ou négli- gées... Derrière cette envie de pénis, se révèle maintenant l'amertume hostile de la femme envers l'homme, amertume qu'il ne faut jamais complètement négliger dans le rapport entre les sexes ". » 15. Freud, Psychologie de la vie amoureuse, P.U.F., p. 77. 279
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