Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE rer : « Cet ouvrage a débuté sous forme d'observations cli- niques : mes patients masculins faisaient de leur mieux pour m'expliquer et me faire comprendre pourquoi ils avaient peur de leur mère, de leur femme ou de leur fian- cée ; mes patientes sont venues corroborer leurs dires en exprimant leur mépris pour la fragilité des hommes 12 », ce n'est pas d'entités abstraites qu'ils parlent. Vues à travers le folklore, les trois grandes craintes qu'inspirent les femmes se rapportent au vagin denté, au sang menstruel et à l'ogresse dévorante. Ces trois dangers rendent naturellement fort angoissants les rapports sexuels, tout particulièrement lorsque la vir- ginité vient s'y ajouter ; mais, comme l'écrit Freud : « Ce n'est pas seulement le premier coït qui est tabou, tous les rapports sexuels le sont. On pourrait presque dire que la femme en entier est tabou ". » Or, ce mot de « tabou » renferme en lui l'essence de la crainte qu'inspire la femme. Le tabou, en effet, a « deux significations opposées : d'un côté celle de sacré, consa- cré ; de l'autre, celle d'inquiétant, de dangereux, d'interdit, d'impur. En polynésien, le contraire de tabou se dit noa, ce qui est ordinaire, accessible à tout le monde 14. » La femme est donc tabou en entier, c'est-à-dire qu'elle est tout à la fois sacrée et dangereuse... ce, évidemment pour les « primitifs » qui respectent le tabou de la vir- ginité. Car nous, très civilisés, nous savons d'expérience 12. Lederer, Gynophobia, p. 271. 13. Freud, Totem et Tabou, Payot, p. 29. 14. Id., Ibidem. 278

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