Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE — Chez les Mayas, c'est Ixchel, qui trône sur les gouffres où grouillent les monstres, et règne sur la nuit. Si nous regardons du côté de la mythologie gréco-latine, les figures féminines qui sèment l'épouvante ne manquent pas. En Méditerranée, par exemple, on ne peut tomber que de Charybde en Scylla : deux divinités féminines bien sûr, qui montrent bien que l'on ne peut échapper à la femme : si Charybde, par négligence, lâchait sa proie, Scylla ache- vait de régler le compte. Comme presque toujours lorsqu'il s'agit de divinités femelles, leur désir était de dévorer: Cha- rybde vivait près de Messine, sur le rocher qui borde le détroit qui sépare la Sicile de l'Italie. C'était un monstre vorace, fille de la Terre et de Po- séidon, qui avala d'un coup tous les troupeaux de Géryon, qu'Héraclès ramenait avec lui. Dégoûté de tant d'appétit, Zeus, en apprenant la chose, la frappa de la foudre et la précipita dans la mer. Elle ne se mit pas au régime pour autant et, sous forme de rochers et de tourbillons, continue à avaler tout ce qui passe par là. Scylla, quant à elle, avait la partie inférieure du corps entourée de chiens nés de ses aines, six animaux féroces qui dévoraient tout ce qui avait pu échapper à Charybde. D'autres gracieuses femelles guettaient les humains à chaque pas : Empousa, qui emplissait les nuits de terreur, se nourrissait de chair humaine et attirait ses victimes en prenant l'aspect d'une belle femme ; Eris, qui personnifiait la discorde (qu'Hésiode range parmi les forces primordia- les, dans la génération de Nyx/La Nuit) et dont les enfants sont : la peine (Knos), la faim (Limos), les douleurs (Algos)... 276

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