Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES DENTS ET LE SANG au phallus, et son existence n'est qu'un destin phallique 1°. » Nous sommes donc, à ce stade, dans un univers uni- quement féminin, et bien propre, on peut le dire, à susciter la haine et la révolte chez les hommes : personne n'aime sentir nier son existence ; mais propre aussi à susciter la peur, devant la puissance de la Déesse. C'est cette peur et cette haine accumulées contre elle, que la Grande Déesse, en disparaissant, va léguer d'abord à ses « filles » (les diverses divinités féminines) et, après elles, à toutes les femmes. C'est à cause de cet héritage que l'on trouve, sous toutes les latitudes, des déesses d'une cruauté terrible et des femmes qui sèment le malheur. Commençons par la Mort, dont nous ne serons pas étonnés d'apprendre qu'elle est femme : — En Grèce : la parque Atropos, qui coupait le fil de ia vie, ou Brimo, reine de la nuit et de la mort. — En Orient, Ereshkigal ou Ishtar, déesse de l'amour et de la mort. — En Egypte, Hathor-Sekmet, qui voulait exterminer l'humanité, et dont le plaisir suprême était la mort des hommes ; Ammit et Taurt, qui dévoraient les cadavres. — Au Japon, c'est Iranani, déesse de la putréfaction, qui s'efforce de, détruire autant d'êtres que son frère en fait venir au monde. — En Amérique du Nord, c'est Chicomecoatl, qui porte un mateau fait de serpents, a pour emblème un crâne, et exige que l'on décapite un homme lorsque l'on veut l'honorer. 10. Neumann, Great Mother, pp. 50 et 51. 275

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