Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE On voit donc qu'au départ il n'y avait pas de principe mâle près de la Mère ; on peut dire qu'il y a même rejet et négation du rôle du père puisque, ainsi que l'écrit Neu- mann, résumant les légendes du monde : « Lorsque cet être originel condensé en déesse individuelle eut besoin d'un peu de semence masculine, elle la produisit elle-même hermaphroditiquement » Car si elle n'avait pas besoin d'époux, elle voulait en re- vanche des enfants, comme le prouve notre existence ici- bas. Et lorsqu'elle eut mis au monde son premier fils par- thogénétiquement, elle se servit de lui pour procréer d'au- tres enfants, et surtout pour lui servir de jouet. Car ce fils est très peu viril ; si peu viril qu'on peut sans effort voir en lui le pénis de la déesse, détaché de son corps certes, mais faisant encore partie d'elle. C'est ce qu'a bien perçu Neumann qui écrit : « Tous les amants de la déesse ont certains traits communs : ils sont tous beaux et adorables (donc d'une nature narcissi- que). Ce sont des fleurs délicates, symbolisées par les ané- mones, les narcisses, les jacinthes et les violettes... Ils sont très différents de toutes les autres figures mythologiques, du fait qu'ils ne sont ni braves, ni forts et manquent tota- lement de fermeté de caractère. » Et encore : « Le culte de la fertilité phallique, comme l'orgie phallique, est caracté- ristique de la Grande Déesse... Le jeune homme n'a d'im- portance qu'en tant que porteur de phallus... La Déesse Mère les aime pour leur phallus, mais en les châtrant elle les possède totalement, de sorte qu'elle se trouve imman- quablement fécondée. Le jeune homme est donc identifié 9. Neumann, Great Mother, pp. 50 et 51. 274
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