Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
        
 LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE Pour notre conscient, elles ont le droit d'être — au même titre que leurs compagnons — des enfants de Dieu : c'est effectivement ce que proclament nos religions. Mais il n'en est pas de même pour l'inconscient ; dans la mesure où « l'identification peut avoir lieu chaque fois qu'une personne se découvre un trait qui lui est commun avec une autre personne, sans que celle-ci soit pour elle un objet libidinieux 5 », un tel processus est impossible pour les femmes. En revanche, quoiqu'il se sente bien petit par rapport à Dieu, l'homme peut s'identifier à Lui ; loin de se sentir infériorisé, il est au contraire valorisé par cette identification — lui phallique — à un Dieu phallique. La femme ne peut évidemment faire de même : elle n'appartient pas à la même communauté et doit, de ce fait, être tenue à l'écart. Elle est donc vécue comme inférieure et méprisable parce qu'extérieure à la communauté ; mais, en même temps, elle est la représentante de la Grande Déesse. On comprend mieux alors pourquoi l'image de la femme est si contradictoire : elle ne fait que refléter notre propre conflit. Nous allons donc à présent examiner quelques mythes, légendes et récits tirés du folklore, car c'est peut-être là que se trouve la preuve la plus voyante de l'emprise de la Phantasmère sur notre inconscient. La plupart des anciennes religions, nous l'avons vu, mettent à l'origine de Tout une Grande Déesse seule, sans compagnon, qui engendre l'Univers par parthénogénèse. Ainsi que le dit E. O. James : « La Déesse, dans ses 5. Freud, Psychologie collective et analyse du moi, P.B.P., p. 129. 272
        
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