Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
PSYCHANALYSE ET SCIENCE-FICTION pêche de lutter pour leur existence, de s'assumer, de devenir adultes. Aussi meurent-ils de la mort de leur mère/maison, lorsque surgissent les difficultés qu'elle ne peut maîtriser, comme, jusque-là, ils vivaient de sa vie. La nouvelle est le récit de la bataille feutrée que livre la maison pour garder en elle ses hôtes, malgré les diffi- cultés grandissantes ; elle s'est coupée de tout pour mieux protéger son intimité avec eux et pour les protéger eux- mêmes des dangers extérieurs. Aussi, niant les manques, les habitants vivent — si l'on peut appeler cela vivre - très vieux. La maison leur a épargné la rudesse de la lutte mais, en échange, elle a volé leur vie. A la fin de la nou- velle, ils apparaissent comme de très vieux petits enfants qui ont oublié de vivre. Le deuxième récit, Gwendoline 7, nous montre une mère vraiment dévorante, puisqu'il s'agit d'une planète qui mange ses habitants. Ceux-ci vivent à l'abri, loin de sa « bouche ». Mais, chaque année, un certain nombre de jeunes gens, fascinés par le mystère, vont vers le lieu interdit. Des barrières en défendent l'accès, et un gardien les prévient des risques qu'ils encourent, se désespérant au souvenir de tant d'adolescents à jamais perdus. Le choix cependant leur est laissé, l'interdit n'est pas sans appel. S'ils le veulent vraiment, personne ne peut les empêcher de franchir la barrière et de disparaître dans les entrailles de la planète. Le symbole est clair : désir de la mère-planète de dévorer ses habitants, et désir des jeunes gens d'être dévo- rés par elle ; mais, sous-jacent, existe aussi en eux le désir 7. Stephan Wul, « Gwendoline », Fiction, Ed. Opta. 255
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy MTc5ODk=