Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
        
 LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE plus tard, l'homme veut reprendre son bien, North le tue, car déjà il est envoûté par l'être venu d'ailleurs. Pour sauver le héros de cette emprise mortelle, le jeune frère de North tue l'extra-terrestre ; mais il est trop tard, et, lors- que l'on retrouve le pilote, il n'est plus « qu'un horrible tas de chair calciné, écrasé..., mort de la mort de " Autre " ». Aveugle, North ne peut connaître l'aspect de la bête de l'espace, mais voici comment elle-même se décrit pour lui : « Tu es sans regard et je suis sans visage. Je te l'ai déjà dit hier, quand tu as ouvert la chambre forte : tout ce qui chante et ruisselle, c'est moi. Les cascades étincelantes, les torrents de glace qui se brisent sur les ancolies, et aussi les reflets des lunes multiples sur les océans. Et je suis aussi l'océan. Laisse-toi porter sur ma vague.., viens. » North, qui n'a pas encore coupé toutes les attaches avec le monde des humains, a des remords d'avoir tué le marin, et reproche à la bête de l'y avoir poussé ; et l'être répond : « Qu'est-ce qu'un homme ? Je te parle d'abîmes fluc- tuants, sombres et lumineux, de creusets où naît la vie originelle, et tu me réponds par la mort d'un matelot ! D'ailleurs, il l'avait bien méritée : il m'avait capturée, emprisonnée, et il serait venu nous séparer. » Qu'importe à la bête (à la Phantasmère) la mort d'un matelot, que lui importe un humain de plus ou de moins, si celui-ci risque de la séparer de sa proie (de son enfant) ? Elle est toute-puissante, maîtresse de la vie, des « creusets où naît la vie originelle », et de la mort. Sur un simple geste d'elle, North a tué pour ne pas la perdre. Tout le texte est comme une illustration du désir de retour dans le sein maternel ; au début, North est sembla- 248
        
                     Made with FlippingBook 
            RkJQdWJsaXNoZXIy MTc5ODk=