Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

PSYCHANALYSE ET SCIENCE-FICTION Le mot d'esprit et le récit de science-fiction ont donc la même fonction : permettre à l'inconscient de s'exprimer ; et leur conception de la logique est semblable en ceci que, dans l'un comme dans l'autre, tout peut arriver, mais pas n'importe quoi. A l'inverse du fantastique (que l'on confond souvent avec elle), la science-fiction a — comme l'inconscient — une exigeante logique interne ; de même que la logique de l'inconscient est différente de celle de la conscience, la logique du monde de la science-fiction est autre que notre logique habituelle, mais elle n'en est pas moins définie par des lois rigoureuses. Ni dans un récit de science-fiction, ni dans l'inconscient (contrairement à ce que croient ceux qui les méconnais- sent), il ne peut se passer « n'importe quoi ». Or les récits de ce genre me semblent montrer que la condensation femme/Phantasmère existe bien dans nos esprits. Nous retrouvons, par exemple, dans ces contes, l'assi- milation de la femme avec l'eau, avec la maison, avec la Méduse, avec la Mort et aussi, quoique plus rarement, avec la Vierge inaccessible. La première des nouvelles étudiées ici s'appelle Au pilote aveugle' et assimile une créature féminine à la fois à l'Eau, à la Créatrice et à la Mort. L'histoire en est simple : le héros — North — est un pilote d'astronef qu'un terrible accident de l'espace a rendu aveugle. Un jour, un marin lui confie une caisse qui contient un être extra-terrestre. Lorsque, quelques jours 3. Charles Henneberg, « Au pilote aveugle », Fiction, n° 68, Ed. Opta. 247