Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE — et celle-ci est profonde — entre la réalité et le phan- tasme, entre la raison et l'affectivité, on peut affirmer qu'il y a eu, à ce niveau, un traumatisme grave qui a été refoulé et qui fait retour sous forme de symptôme. C'est ce symptôme que je vais étudier à l'aide de la psychanalyse, car il me semble être de même nature que n'importe quel autre signe de dissociation. Il y a en effet un clivage presque schizophrénique entre ce que nous montre notre raison, qui lutte pour nous faire appréhender le réel : les femmes sont des êtres tout à fait ordinaires, situés nettement plus bas que les hommes sur l'échelle sociale — et ce que nous dicte notre incons- cient : les femmes sont redoutables, puissantes, supérieures et maléfiques, ainsi qu'on le voit dans les légendes, les contes... et les psychanalyses. Que les femmes soient infériorisées n'a plus besoin d'être démontré. Mais peut-être est-il moins connu qu'elles sont — pour notre inconscient — supérieures. Il suffit pourtant d'étudier le rôle attribué à la femme dans les productions artistiques (c'est-à-dire là où l'inconscient se manifeste de la façon la plus immédiatement perceptible : dans les mythes, la poésie, le roman, la peinture, la chan- son, le théâtre, etc.) pour se rendre compte que, dès que l'on quitte le domaine du réel, du quotidien, la femme change de rôle : dans le réel, esclave ; dans le phantasme, maîtresse toute-puissante. Ce clivage se retrouve absolument partout, il est à la fois — explicitement ou implicitement — universel et codifié. Or, une seule institution présente, liés, ces deux carac- 28
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