Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE certaine présence d'un tiers élément commence à jouer un rôle. En ce sens le père est d'emblée présent, la mère fût-elle veuve : il est présent parce que la mère elle-même a eu un père, parce qu'elle-même vise un pénis ". » Ce, na- turellement, lorsque tout va bien ; mais lorsque le Père est absent, non seulement dans le réel, mais aussi dans l'in- conscient de la mère, alors la Loi ne peut être reconnue. Il y a chez tout enfant (tous nés prématurés, ne l'ou- blions pas) une envie de retour dans le ventre maternel, une envie de fusion avec elle. Or, ce qui crée l'être humain, c'est l'accession au désir, qui lui-même ne peut s'inscrire que dans le manque ; ce manque, c'est la coupure définitive que crée la Loi, c'est-à- dire l'interdit de l'inceste, qui marque la naissance de l'enfant comme sujet. Cette Loi, c'est justement ce qui n'est pas reconnu dans la psychose. Maud Mannoni en rapporte bien des cas, parmi lesquels je cite celui de Raymonde : Raymonde fait partie du corps de sa mère, qui, durant sa grossesse, la considérait comme un organe supplémentaire qui lui aurait poussé dans le corps « Sa tête — dit la mère en touchant sa propre tête — a peut-être eu un épisode méningé », et elle ajoute que si elle s'est montrée sévère pour l'éducation à la propreté de sa fille, c'est : « que je n'aime pas me sentir mauvais " ». Maud Mannoni écrit que de tels enfants sont l'objet exclusif de la mère, sans intervention de la Loi paternelle (c'est-à-dire du tiers castrateur) et elle ajoute : « Nous 20. J. Laplanche, Vie et mort en psychanalyse, p. 81. 21. Maud Mannoni, L'Enfant arriéré et sa mère, p. 37. 238
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