Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE bâtis à la six-quatre-deux, « et le paranoïaque rebâtit l'univers, non pas à la vérité plus splendide, mais du moins tel qu'il puisse y vivre. Il le rebâtit au moyen de son travail délirant 18 ». Car la symbolisation est le noyau autour duquel va se développer le sujet en tant qu'autonome ; c'est dire à quel point elle est capitale, puisque aussi bien c'est lorsque rien ne vient reconnaître le trou du manque que s'installe la psychose, empêchant toute possibilité de créer. Car je pense que création et symbolisation sont intime- ment liées. Comme le dit Winnicott, le nourrisson doit faire l'expérience de ce qu'il appelle 1' « omnipotence, c'est-à-dire de quelque chose qui est plus que le contrôle magique, car elle a un côté créatif : " le petit enfant crée l'objet qui est à proximité, prêt à être trouvé " ; mais alors l'objet est créé, et non pas trouvé ; seule cette expérience permet à l'enfant de passer de l'objet subjectif à l'objet perçu objectivement ». C'est au moment de cette création symbolique que, fût- ce de façon balbutiante, l'enfant commence à affirmer « je suis moi, puisque j'ai le pouvoir de créer » : une partie d'un Autre ne saurait avoir de désir propre, une partie d'un Autre ne crée rien sans la volonté de l'Autre, quel- qu'un de fondu dans l'Autre ne crée rien. Pourquoi créer dans le monde clos de la perfection, dans le monde du plaisir ? Ce n'est que pour combler le manque que l'on a besoin de créer, de symboliser. Mais, dans une telle situation, l'enfant n'est pas seul en 18. Freud, Cinq psychanalyses, P.U.F., p. 315. 236
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