Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE vent aussi le réel de vue, quoique généralement de façon moins massive. Que fait le nourrisson qui hallucine le sein ? Rien d'autre que nier la perte de sa mère, nier la réalité de la perte. Que fait d'autre le phobique « Petit Hans », lorsqu'il a peur des chevaux, alors que ce n'est pas du tout la « réa- lité cheval », le cheval en tant que tel, qui l'effraie ? C'est qu'il existe deux réalités : la réalité matérielle, et la réalité phantasmatique. Or, « ce qui définit d'un point de vue métapsychologique le problème de l'hallucination c'est le fait qu'il y a déjà trop de réalité dans le système, et non pas qu'il faille encore appeler à l'aide une autre réalité : trop de réalité, puisqu'il y a déjà à la fois la réalité perceptive, celle qui vient de la réalité externe, et la réalité hallucinatoire provenant d'un déclenchement interne du « signe réalité », cette sorte de clignotement du système « conscience " », dit Jean Laplanche. De ces deux réalités, le névrosé, le « normal » n'ont momentanément perdu que la réalité extérieure ; la réalité phantasmatique leur reste ; alors que le psychotique a perdu les deux, ou, peut-être, ne les a jamais eues. « Je situe la différence de ces affections [les paraphré- nies] et des névroses de transfert dans cette circonstance que la libido, devenue libre par frustration, ne demeure pas attachée à des objets dans le phantasme, mais se, retire sur le moi ' », écrit Freud. Il y a alors tentative de maîtriser cette angoisse qui pro- vient de la libido qui ne trouve pas à s'investir. 14. Laplanche, op. cit., p. 105. 15. Freud, Pour introduire le narcissisme, P.U.F., p. 92. 234
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy MTc5ODk=