Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE Nous voyons ici une fois de plus l'importance de l'atti- tude maternelle qui conditionne, non seulement la prise de conscience du fait que nous sommes des sujets (donc capables de dire « je »), mais encore la possibilité de 'concevoir le monde comme intelligible et donc la reconnaissance du temps. Enfin, au stade le plus avancé du retrait autistique, les sensations elles-mêmes semblent abolies. Bettelheim nous parle d'un enfant qui ne manifestait aucun signe de dou- leur alors qu'il avait une péritonite, et il écrit : « Petit à petit ils (les autistes) ont pu retirer, par défense, tout investissement du monde extérieur et de tout leur corps, d'où leur absence de réaction à ce qu'ils voient, entendent ou ressentent. Par un processus analogue ils concentrent tout investissement, toute défense sur quelque forteresse intérieure ultime qu'ils ressentent comme étant le centre même de leur vie il. » Ainsi finit tragiquement toute adhésion totale au prin- cipe du plaisir, celui qui nous fait tendre vers la dispari- tion de toute action, de toute tension, donc de toute vie : ce qui nous fait rechercher d'abord la sécurité, puis la sécurité absolue, est un désir de mort. Lorsque l'enfant ne peut se détacher de sa mère — quelle que soit la raison de cette impossibilité — c'est bien la sécurité qu'il trouve, mais la sécurité de la mort : soit vraiment la mort physi- que, comme certains autistes, soit la mort en tant qu'être qui n'est plus présent au monde. C'est parce que les autistes représentent l'avant-dernier stade du principe du plaisir, qu'il est si important de comprendre les raisons de leur « choix » car, comme l'écrit 12. Bettelheim, La forteresse vide, p. 91. 232
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