Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LA MÉCONNAISSANCE DE LA LOI réponse affectivement adéquate à sa demande, et, conce- vant par là le monde extérieur comme radicalement mau- vais, se réfugie dans un immobilisme qui nie tout change- ment. Comme l'écrit Bettelheim, « ils sont intéressés par la répétition sans fin de la même chose, parce qu'elle semble leur assurer que rien ne changera jamais » ; puis- que le monde est radicalement mauvais, tout changement ne peut qu'empirer la situation, d'où la répétition sans fin du même geste, de la même activité sans but apparent, mais dont le but est précisément de nier que le changement puisse exister. Alors qu'une demande du nourrisson sui- vie, à brève échéance, de la réponse adéquate, est ce qui apprend, dès les premières tétées à scander le temps. ':; . :::Pour vivre, nous dit Bettelheim, il faut ordonner l'espace et le temps puis, ayant franchi cette étape, nous formulons tme prédiction qui, elle-même, précède l'action ; car ce qui nous permet de prédire, c'est que nous croyons Line certaine stabilité de ce qui nous entoure *. C'est ce que Winnicott appelle la « fiabilité » maternelle. Il est évident qu'une mère qui ne répondrait jamais deux fois de suite la Même chose, ou qui ne répondrait jamais suivant l'attente de son bébé, empêcherait celui-ci de construire une image du monde cohérente. Pour donner un exemple de ce processus, je citerai le cas tune jeune fille qui pensait que toute action lui était interdite, soit parce que, le monde étant mauvais, toute action est mau- »LW, soit parce que rien n'étant sûr en ce monde, on ne savait camais sur quoi allait déboucher une action. Aussi restait-elle Perpétuellement au stade de la prédiction. Par exemple elle disait, une tartine à la main : « Je mange... je vais manger... je mange ma tartine... » sans jamais mordre dedans. Il m'est arrivé de l'entendre répéter ces mêmes phrases pendant parfois trais quarts d'heure, sans jamais la voir passer à l'action. 231

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