Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LA MÉCONNAISSANCE DE LA LOI Mais ce don est chargé d'un autre sens encore, non moins important, puisqu'il est aussi une étape capitale dans la possibilité de distinguer entre soi et non-soi. En effet, les matières fécales, étant à l'intérieur du corps de l'enfant, faisaient partie de lui ; expulsées, elles &viennent brusquement du non-lui. Si l'attitude de la mère est bonne, cette expérience capitale, vécue comme satisfaisante, permet d'accepter cette séparation ; imposée par l'autre, elle est vécue comme arrachement, démembrement, image du corps morcelé : vécue comme un interdit de choix actif, elle suscite une angoisse qui correspond à l'idée que si une partie de soi a été arrachée par l' « Autre » pour devenir dn non-soi, alors on ne peut être vraiment sûr que l'on ne Va pas, tout entier, subir le même sort. C'est ainsi que la plupart des enfants autistes contrôlent difficilement leurs éliminations et que, lorsqu'ils y arri- yent, ils manifestent encore leur crainte en refusant de tirer la chasse d'eau, qui entraîne vers le néant ces matières dont ils ne sont pas certains qu'elles ne fassent pas partie d'eux-mêmes. On peut distinguer chez ces enfants, parce qu'elle est extrêmement grossie, l'importance de l'attitude mater- nelle : si celle-ci n'est pas satisfaisante, l'enfant essaiera de garder jalousement en lui ses matières, refusant d'en faire don à sa mère. Si celle-ci l'oblige à s'en séparer (gronderies, lavements, etc.), il vivra cette séparation comme mutilante, incapable qu'il est de sentir que ces ma- tières, une fois sorties de son corps, n'en font plus partie. Car déjà l'enfant d'une telle mère était dans l'impossibilité 229
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