Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE n'est que si sa mère l'accepte comme tel que l'enfant lui- même peut se vivre comme sujet. Au tout début de la vie, en effet, le bébé n'a que peu d'existence propre : « Tout concept de moi et d'autrui n'a aucun sens chez le nourrisson et l'enfant très jeune ; c'est donc d'un développément ultérieur que relève la dis- tinction entre sujet et objet », dit Stern. Si donc, à partir de la naissance, la mère n'autorise pas son nourrisson à acquérir ce concept de la différence entre moi et autrui, il y a toute chance pour que cette différenciation ne se fasse jamais, ou jamais complète- ment ; c'est de l'attitude de la mère, suivant qu'elle permet- tra à son bébé d'être actif (donc tout simplement d'être) ou qu'elle le lui déniera, que l'enfant tirera la conclusion qu'il a — ou non — le droit de vivre. Car « il y a des enfants qui demeurent partiellement arrêtés à ce stade [celui de la non-différenciation sujet/ob- jet] du développement intellectuel et affectif, et il y en a d'autres qui y retournent partiellement : ce sont les enfants qui souffrent d'autisme infantile », dit Bettelheim. Nous voyons donc combien est important le rôle de la mère, puisqu'à la naissance le nourrisson fait encore psychiquement partie d'elle, et que ce n'est que peu à peu qu'il arrivera à se vivre comme détaché. Si elle l'aide dans cette entreprise de détachement — et si le tiers castrateur remplit sa fonction * — si elle le considère comme capable d'avoir des désirs, il arrivera à se constituer un self. Mais si au contraire, par trop * Je pense en effet que — comme le soutient M. Klein - le triangle oedipien est présent dès le début de la vie. 226
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