Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LA MÉCONNAISSANCE DE LA LOI s'ajouter, pour le nourrisson, l'angoisse de solitude qu'en- traîne une non-réponse de la mère, ce qui ne peut que le renforcer dans son attitude anaclitique. Mais une réponse de la mère arrivant avant même la demande, et donc empêchant cette demande de se faire jour, produit le même résultat. En effet, si le bébé est em- pêché — par trop de sollicitude — d'exprimer un désir, il n'y aura pas d'avantage de relation d'échange : comblé avant même de désirer, le nouveau-né demeurera passif. Mère rejetante ou mère surprotectrice se rejoignent : toutes deux nient à leur enfant le droit à une existence propre. Pulsion de mort de la mère, pulsion qui se traduit le refus de toute participation active du nourrisson à propre vie, en ne permettant pas à son désir de s'expri- mer, soit en le rejetant, soit en le satisfaisant avant même sôn apparition. De telles mères prennent toute la place, décidant seules de tout, sans tenir compte de la demande de leur enfant. Or, pour se concevoir comme existant, ce qui compte, c'est justement que le nourrisson sente que son action a un sens, dans une interaction avec sa mère ; c'est que sa demande ait été reconnue comme telle et satisfaite, car il sait alors qu'il lui est possible d'avoir une prise sur le monde extérieur et donc qu'il pourra un jour devenir un être autonome et non rester un appendice de sa mère. Les autres situations importantes que rencontre le bébé : sevrage, éducation à la propreté, etc., ont également, sui- vant l'attitude maternelle, un pouvoir constructeur ou destructeur. Un échange avec la mère — si important pour la suite de l'histoire de chacun de nous — n'est possible que si la mère reconnaît son enfant comme sujet, car ce 225

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