Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE écrit encore : « J'ai ressenti dans sa pureté le prix de cet esprit que je respecte, pour autant que je puis l'embrasser et (que) mon effort d'être pour lui beaucoup n'était au fond rien d'autre que le désir justifié d'approcher, dans mou individualité, du Bien, du Beau, du Vrai, qu'il soit inaccessible ou accessible 1°. » On ne peut s'empêcher de voir les rapports Hôlderlin- Schiller comme ceux d'un couple où il y aurait une énorme Phantasmère dotée de tous les pouvoirs et de tout ce qui est Bien, Beau et Vrai, et, près d'elle, perdu dans son amour pour elle, un minuscule (à ses propres yeux) poète, voué, comme il le dit lui-même, à n'être jamais heureux. Nous avons là l'exemple de ce que peut être une mère envahissante au point de ne laisser aucune place ni à l'enfant ni au père. Une des raisons qui rendent si importante la tétée, est qu'elle est un moment privilégié pour donner au bébé le sentiment de sa propre existence ; c'est sa première relation active avec le monde, et sa première satisfaction érotique depuis sa naissance. Si nous faisons nôtre l'idée que, dès cette première tétée, le bébé est un sujet qui demande à téter, alors il est aisé de comprendre qu'une réponse négative prolongée de la mère entraînera pour l'enfant l'impression que toute activité de sa part est inutile, ou même rejetée, et il se réfugiera dans la passivité. Cette passivité ne peut que combler une mère qui considère son enfant comme un objet ; il ne peut dès lors s'instaurer entre eux de relation d'échange. A cela vient 10. J. Laplanche, Hôlderlin et la question du père, p. 51. 224

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