Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE (Je ne dirai rien ici de l'effroyable coutume de l'excision du clitoris et des nymphes, non plus que de l'infibulation, Benoîte Groult a dit ce qu'il y avait à en dire 14.) A côté de tant d'horreurs, on pourrait penser que les habitantes de ces pays de haute civilisation que sont le Canada et les Etats-Unis sont des privilégiées. Certes. La souffrance physique leur est épargnée mais, faute d'être engraissées comme du bétail, d'être « allon- gées » comme des girafes ou privées d'une partie de leurs organes sexuels, c'est à l'ablation de leur cerveau qu'elles sont condamnées, car : « Des jeunes filles qui avaient appris à l'université à jouer au base-ball, à s'initier à la géométrie, qui étaient devenues indépendantes," et qua- lifiées pour prendre une part active aux préoccupations de l'ère atomique, s'entendirent conseiller par les plus grands esprits de notre temps de rentrer au foyer pour y mener la vie d'une Nora, réduite aux dimensions d'une Maison de Poupée de l'ère victorienne 15 », ceci aux Etats- Unis, tandis qu'au Canada : « Le père est le chef de la communauté familiale, la figure dominante, entourée de respect et de soumission. La mère tout autant que les enfants est subordonnée à cette autorité. Dans la division des tâches, le père est exempté des travaux domestiques ; la femme sert son mari à table et dans la maison, où l'homme préside en grand seigneur. C'est à l'extérieur du foyer que celui-ci déploie son activité, la maison est le lieu de son repos et le royaume sur lequel il règne ". » 14. Benoîte Groult, op. cit. 15. Betty Friedan, La Femme mystifiée. 16. Guy Rocher, « Les Modèles et les Statuts de la femme canadienne », in Images de la femme dans les sociétés, Ed. Ou- vrières. 26

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