Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LA MÉCONNAISSANCE DE LA LOI chez le psychotique, à la place que devrait occuper le père. Car si réellement il y avait eu un « trou », s'il y avait eu une place à prendre, la rencontre avec Schiller aurait comblé ce « trou ». Tout au contraire, J. Laplanche nous montre que cette rencontre fut un facteur déclenchant de la psychose. Si nous imaginons l'évolution du psychisme comme une étoffe en train de se tisser, il faudrait alors comprendre l'absence du père justement comme une déchi- rure qui ne s'est pas produite, déchirure dans laquelle aurait dû, normalement, s'insérer la Loi. L'absence du père symbolique ne créerait alors pas un vide mais serait, comme le dit J. Laplanche, « l'absence d'une. absence' ». La forclusion n'est donc pas un « trou » (qui est solution de continuité) mais bien « trop plein » : trop plein de la mère qui prend toute la place, occupe tout le dessin, et ne laisse aucune brèche où pourrait s'introduire le porteur de la Loi. Cela est si vrai que Schiller, pour Ifilderlin, ne fonc- tionne pas comme père, mais en tant que mère, et même que Phantasmère. « En un mot, dit Jean Laplanche, c'est une figure maternelle dévorante qui, d'un coup, se dévoile dans Schiller °. » Dévorante, mais aussi écrasante par sa supériorité, comme seule peut l'être la Phantasmère : « Votre proxi- mité, écrit 1161derlin à Schiller, aurait opéré des miracles en moi. Pourquoi faut-il que je sois si pauvre et que je porte tant d'intérêt à la richesse d'un esprit ? » Il lui 7. J. Laplanche, liederlin et la question du père, P.U.F., p. 125. 8. Id., Ibid., p. 54. 9. Id., Ibid., p. 18. 223
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