Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE une famille dans laquelle le père n'est pas porteur de la Loi. Pour essayer de mieux comprendre la psychogénèse de la psychose infantile, je vais étudier les rapports mère/ enfant, car toutes les relations de l'enfant avec le monde passent par la mère durant les premières semaines de vie. Mais il faut souligner tout de suite que, si de tels rap- ports sont importants, sont capitaux, ils ne peuvent être que catastrophiques en l'absence d'un tiers castrateur. Ce dernier peut être, sans conséquences fâcheuses, un substi- tut du père biologique ; il peut même être physiquement absent : ce qui est nécessaire, c'est qu'il soit présent dans l'inconscient de la mère. Dans Ifflderlin et la question du père, Jean La- planche montre bien que ce n'est point l'absence d'un père réel qui est psychogène. Le poète, en effet, ne manqua pas de figures paternelles positives : quoique orphelin de père à l'âge de deux ans, il avait conservé le souvenir de celui-ci au point d'envisager de suivre ses traces et de faire comme lui des études juridiques. Lorsque sa mère se re- maria (il avait alors quatre ans), il entretint de bons rap- ports, et même une relation empreinte de tendresse avec son beau-père. Ce qui a manqué à Hôlderlin, ce n'est donc ni son père biologique, ni un substitut de celui-ci, mais la possibilité de symboliser le père. C'est ainsi qu'ayant plus tard rencontré un père satisfai- sant en la personne de Schiller, il ne put pourtant lui per- mettre d'assumer ce rôle. C'est la raison pour laquelle on ne peut, me semble-t-il, postuler qu'on trouve un « vide » 222