Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
        
 LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE être actif dès le départ ; mieux, lui dénier cette qualité, c'est en quelque sorte le nier lui-même en tant qu'individu, avec le risque de mettre en péril sa vie même. En effet, « téter est éminemment actif, et considérer une telle aventure comme anaclitique, c'est contredire son expé- rience. Pour le nourrisson, ce qui compte, ce n'est pas sa dépendance réelle, mais sa conviction que ses efforts' sont monumentaux s». Ce qui importe, ce n'est pas qu'il soit un être totalement désarmé devant les difficultés de la vie, incapable de s'assumer avant de nombreuses années, incapable de vivre sans sa mère (ou un substitut de celle-ci) ; ce qui compte, c'est que dès la première heure de vie, le nourrisson cesse d'être entièrement passif, qu'il commence à vouloir appré- hender ce qui l'entoure, qu'il désire établir une communi- cation. Il est très important de saisir ce qui se joue à ce niveau, car si l'on considère le bébé comme un être passif - comme un objet pourrait-on dire — alors on ne peut admettre la théorie psychogénétique de l'autisme, et il faut accepter comme origine de celui-ci une déficience génétique ou lésionnelle. Si, au contraire, on admet la position de Dolto, ou de Bettelheim (ou de Balint qui écrit : « contrairement à ce qu'on dit habituellement, on ne donne pas à téter à l'en- fant, il tète activement »), alors on appréhende le méca- nisme de mise en place de l'autisme infantile comme un problème qui se situe au niveau des échanges affectifs entre la mère et l'enfant. Par là même on affirme que le nourrisson est un sujet, puisqu'un échange ne peut avoir 5. Bettelheim, La forteresse vide, N.R.F., p. 34. 220
        
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