Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
        
 LA MÉCONNAISSANCE DE LA LOI première tétée « distinguer l'existence du désir, et l'inscrip- tion du langage comme fait de relation interhumaine sa- tisfaisant le désir ». Elle en donne pour preuve l'exemple suivant : le bébé a une manifestation spontanée dès la nais- sance, qui est le sourire. Or, si, lorsque l'enfant sourit, on lui dit avec amour : « oh, le beau sourire », il suffira ,de lui demander : « encore un beau sourire » pour qu'un sourire s'épanouisse sur son visage à nouveau. Il y a donc, dès la naissance, désir de communiquer ; et, par cet échange de sourires, « le langage d'une expression mimique est établi qui, au début, n'était pas une expression langagière inter- humaine, mais qui l'est devenue du fait de la rencontre croisée des phonèmes du langage venus de la mère et per- çus par les oreilles du bébé ». Autrement dit, le bébé a perçu le désir de communica- tion et le message d'amour que l' « autre » lui adressait ; il ne l'a certes pas « compris » (au sens intellectuel que nous donnons à ce mot) mais il a été sensible à cette voix qui lui demandait sa participation, et il y a répondu. C'est dès que ce qui était un sourire mécanique s'est transformé en moyen d'échange, qu'une relation de sujet à sujet (et non plus de sujet à objet) s'est établie entre la mère et l'enfant. On peut penser que c'est la possibilité de communiquer qui crée le désir de communiquer, ou au contraire que celui-ci était présent dès l'origine, il n'en demeure pas moins un état de choses capital : le désir existe qui fonde le nouveau-né comme sujet. Pour Bruno Bettelheim également, le nouveau-né est un 3 et 4. Françoise Dolto, Au jeu du désir, les dés sont pipés et les cartes truquées, Conférence à la Sté française de philosophie, 22 avril 1972. 219
        
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