Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
        
 INTRODUCTION crainte de ce châtiment, lorsqu'on voit le sort réservé aux femmes un peu partout sur la planète. Par exemple, celui des femmes-girafes de Birmanie du Nord, dont on allonge le cou jusqu'à ce qu'il mesure qua- rante ou cinquante centimètres. Tous les deux ans — à partir de l'âge de cinq ans — une femme vient ajouter un anneau à ceux qui enserrent déjà le cou de la fillette. Chaque fois l'enfant, puis la jeune fille, a du mal, pendant longtemps, à manger et à dormir. Qu'importe, sa valeur sera bien plus grande lorsqu'on la donnera à un époux, et elle sera sans recours contre ce nouveau maître. Car si elle lui a déplu de quelque façon, il suffit au mari de faire couper les anneaux qui enserrent son cou : « Les muscles atrophiés et les vertèbres disjointes ne pouvant plus remplir leur office, la tête de la coupable s'affaisse, entraînant la paralysie irrémédiable des quatre membres ". » Un autre exemple est celui des maisons d'engraissement pour les filles en Afrique centrale. « Dans la région où la beauté féminine s'identifie avec l'obésité, la fille est mise à part quand elle devient pubère, quelquefois durant plu- sieurs années ; on la nourrit de sucreries et de graisses ; on lui refuse toute activité, son corps est assidûment frotté d'huiles. On lui enseigne, au cours de cette période, ses futurs devoirs, et sa retraite prend fin par une exhibition de sa corpulence, suivie de son mariage avec un fiancé qui s'enorgueillit d'elle ". » « On ne juge pas nécessaire, ajoute Ruth Benedict, de parfaire la beauté de l'homme avant le mariage par un traitement de ce genre. » 12. Benoîte Groult, Ainsi soit-elle, Grasset, p. 108. 13. Ruth Benedict, Echantillons de Civilisations, N.R.F., p. 42. 25
        
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