Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE à l'autre, cherchant, sans jamais le trouver, ce substitut maternel ? Certes, nous ne pouvons rien changer au fait que le premier objet d'amour soit la mère ; pas plus qu'à l'interdit de l'inceste, à la crainte de la castration, ni au Complexe d'OEdipe. Mais ce que nous pouvons essayer de comprendre, c'est que nous avons, pour ainsi dire, deux mères : l'une est notre mère réelle, qui nous aime et que nous aimons mais qui, même si elle est supérieure sur le plan humain, ne peut être que quelconque si nous la comparons à la Grande Déesse ; et l'autre est celle qui règne dans notre inconscient : la Phantasmère. Or la Phantasmère est si puissante que personne ne peut la quitter sans son accord et sans l'appui d'un tiers : le père, tiers castrateur. Tout, pour l'être humain, se joue là : si le père est assez fort pour contrebalancer la puissance de la Phan- tasmère, et si la mère est assez adulte pour libérer l'enfant, alors celui-ci pourra conquérir son autonomie. Mais il faut pour cela que les deux parents collaborent, que le père représente la Loi, et que la mère refuse d'être la Phantasmère plus longtemps qu'il ne faut. Car la Phantasmère et la Mère s'engendrent l'une l'au- tre. Indispensablement toute-puissante durant les premiè- res semaines de vie, la mère est le modèle de la Phan- tasmère. A son tour celle-ci nourrit l'image de la Mère, car l'enfant projette sur sa mère réelle la puissance de la Phantasmère, dans un cercle qui reste sans fin si, voulue par les deux parents, la castration symbolique n'intervient pas. 212

RkJQdWJsaXNoZXIy MTc5ODk=