Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE de véritables femmes, semblables à leurs épouses ou à leurs soeurs. Ne sont-elles pas plutôt de la race des Khadomas, ces mères-fées à la fois bienveillantes et redoutables s? » Des apprentis disciples montent parfois vers leurs cellu- les d'ascètes, en quête de ce que la science officielle ne donne point. On raconte que des prodiges surgissent devant eux. De leur voyage, certains reviennent avec des récits étonnants. Quelques-uns « avec les yeux étrangement éclairés par une flamme intérieure et muets sur ce qu'ils ont appris... et d'autres ne reviennent pas. Surpris par la nuit près de quelque haut col, ils demeurent raidis par le gel, sur le bord du chemin, tragiques statues de pèlerins en marche vers leur rêve 10. » Mais ces mères-fées ne sont, à l'évidence, pas des femmes, pas de vraies femmes, et la langue tibétaine consacre de façon définitive l'infériorité du sexe féminin : le mot femme se dit « kiemen », ce qui signifie « nais- sance inférieure ». Les femmes du Tibet acceptent cette infériorité, et disent qu'on naît femme en expiation de ses péchés. Une de leurs prières la plus fréquente est : « Puissé-je rejeter (dans une prochaine vie) le corps fémi- nin, et renaître avec un corps mâle ". » Différentes superstitions reflètent cette infériorité ; par exemple, elles ne peuvent enjamber le corps d'un homme, ni même celui d'un garçonnet, car cela constituerait un manquement au respect dû au mâle, et leur châtiment serait de renaître comme femme dans une nouvelle vie. Et l'on peut bien comprendre les Tibétaines et leur 9. Alexandra David-Neel, op. cit., p. 4. 10. Alexandra David-Neel, op. cit. 11. Alexandra David-Neel, op. cit., p. 4. 24

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