Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE bles d'imaginer le vagin et l'utérus, pensant que là où il n'y a pas de pénis il y a « rien », le vide, et saisis par l'an- goisse de castration devant ce vide impensable, ils pro- jettent leur angoisse sur les femmes et en concluent que pour elles aussi la possession de cet organe est vitale. Mieux, ils en arrivent à persuader certaines femmes qu'il en est bien ainsi, et que leur désir premier est d'avoir un pénis. Or, si je rejette fermement une telle idée, ce n'est pas seulement parce qu'il me semble saugrenu de penser que si les femmes veulent des enfants c'est seulement pour remplacer cet appareil, mais aussi parce qu'elle infériorise radicalement la femme. En effet, si leur désir principal, celui qui est leur grande affaire n'est pas un désir réel, mais un désir para- site ; si leur désir primordial : avoir un enfant, n'est que le substitut du désir d'avoir un pénis, comme elles ne l'auront jamais, les voilà vouées, ad vitam aeternam, à une assottisante envie. D'où, bien sûr, leurs déplorables défauts : « Ces traits de caractère que l'on a de tous temps critiqués et reprochés à la femme : le fait qu'elle fait preuve d'un moindre senti- ment de la justice que l'homme, d'un penchant moindre à se soumettre aux grandes nécessités de l'existence, qu'elle se laisse plus souvent que lui guider dans ses décisions par ses sentiments de tendresse et d'hostilité, la modi- fication de la formation du surmoi, dont nous venons de démontrer d'où elle dérive, en est une raison suffisante " » (cette raison est, bien évidemment, que son « Complexe d'CEdipe échappe au destin qui l'attend chez le garçon " »). 13, 14. Freud, Quelques conséquences psychologiques de la différence anatomique entre les sexes, P.U.F., p. 131. 202

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