Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
        
 LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE phallus premier de la femme est l'enfant. (Le mot « phal- lus » étant évidemment pris ici dans son sens de symbole du pouvoir.) Ceci rejoint d'ailleurs la pensée de Freud, mais après avoir supprimé le détour par l'envie du pénis comme première chez la femme Pour Freud, en effet, » tout d'abord, elles voulaient un pénis comme l'homme, et à une époque ultérieure, mais toujours infantile, le désir d'avoir un enfant a remplacé le premier désir " ». Or, supposer que le désir de mettre au monde des enfants — qui est le but suprême de toute espèce qui veut se perpétuer - puisse venir en second, en remplacement d'une envie insatisfaite, me semble difficilement acceptable. Aussi peut-on penser plus simplement que les choses se sont déroulées ainsi : la grande affaire des femelles était d'avoir des enfants. Lorsque les hommes ont pris le pouvoir au Néolithique, toute la gent féminine — à laquelle on avait ôté le pouvoir dans un premier temps, puis à laquelle on avait refusé même l'égalité — a commencé à désirer l'emblème du nouveau pouvoir ; ce désir est venu renforcer l'envie du pénis qui existait déjà en tant que revendication de la bisexualité. C'est l'addition de ces deux désirs qui rend bruyante là revendication de la femme, la « protestation virile » comme l'appelait Adler. La revendication des organes fé- minins par les hommes est, au contraire, peu visible parce qu'elle n'est que sexuelle. En effet, s'il y a chez les hommes désir de posséder des attributs féminins et de porter des enfants, il n'y a 11. Freud, Sur la transposition des pulsions, P.U.F., p. 109. 200
        
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