Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LE PHALLUS ET LE POUVOIR plupart des mammifères, et en tout cas les singes et les hommes (Hermès phalliques, etc.) se servir de leur pénis pour marquer leur territoire, et donc pour affirmer leur existence et leur volonté de remplir leur rôle de défen- seurs des femelles et des jeunes. Les femelles, au contraire, doivent leur importance, dans les hordes des grands singes d'abord, puis chez les humains, au fait qu'elles mettent au monde, allaitent, soignent les jeunes. Leur rôle, c'est d'élever les enfants. Je pense que l'on peut dire que l'importance, le rôle, la raison d'être du mâle est symbolisée par le pénis ; l'importance, le rôle, la raison d'être de la femelle est symbolisée par l'enfant. [Du mâle et de la femelle, non de nomme et de la femme ; nous ne sommes pas de grands singes, ni même des humains d'avant la civilisation. Mais id en reste quelque chose dans l'inconscient de chaque enfant, qui fait que les petits garçons jouent à se battre, et que les petites filles jouent à la poupée. Ou au moins ac- ceptent de le faire, poussés par les adultes, qui sont eux- mêmes d'anciens enfants pareillement conditionnés.] C'est cette même trace mnésique inconsciente qui nous fait identifier l'homme au pénis et la femme à la porteuse d'enfants, qui nous pousse à ne donner que des poupées aux filles et à interdire aux garçons de serrer un poupon sur leur coeur. La même qui nous contraint à imaginer le « vrai mâle » en guerrier : bâtons, fusils ou baïonnettes dans les mains, et la femme en éternelle nourrice, qu'elle materne ses enfants, son mari, ou des guerriers blessés. Tout cela est tellement excessif que cela en devient ab- surde ; mais on peut en revanche soutenir, me semble-t-il, que le phallus premier de l'homme est le pénis, et que le 199

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