Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE l'organisation génitale définitive de l'adulte. II réside en ceci que pour les deux sexes un seul organe génital, l'or- gane mâle, joue un rôle. Il n'existe donc pas un primat génital, mais un primat du phallus". » Cela veut dire : un seul organe est important, le pénis. Mais comme les femmes n'en ont pas, il faut bien que le primat génital soit phallique (c'est-à-dire attribué à un pénis phantasmatique) ; ou encore : un seul organe compte, le pénis ; puisque seul il compte, tout pouvoir doit forcément procéder de son représentant, le phallus. Si les femmes ont une quelconque puissance, elles ne pour- ront être que « phalliques », mais phallique sous-entend, en réalité, « péniennes ». Et il en est bien ainsi dans les diverses sociétés : il n'y a de puissance féminine que médiatisant celle des hom- mes ; que ce soient les vieilles femmes iroquoises, les favo- rites royales, ou Mme Dupont (si elle porte la culotte dans le ménage), il n'en reste pas moins que la puissance qu'elles exercent ne leur est que provisoirement concédée ; il suffit que le chef iroquois soit élu, que le roi meure ou se lasse, que M. Dupont ait un sursaut de volonté, pour que tout rentre dans l'ordre, et les femmes dans la cuisine. Mais je soutiens que tout cela est culturel, et que si les femmes ont besoin de se vivre comme pourvues d'un pénis pour se sentir puissantes, cela ne peut être que réactionnel. En revanche, l'identification, par le mâle, du pénis avec la puissance est une très vieille histoire, qui déborde de beaucoup celle de l'humanité, puisque nous voyons la 10. Freud, L'organisation génitale infantile, P.U.F., p. 114 (c'est Freud qui souligne). 198
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