Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LE PHALLUS ET LE POUVOIR matériel, et expliquer que si le complexe de castration est bien le point central du Complexe d'OEdipe, et si la décou- verte de Freud est, à coup sûr, capitale, il faut, pour qu'elle soit tout à fait claire, cesser de confondre pénis et phallus. Et bien voir que le mot « phallus » recouvre deux réalités : est le symbole du pénis, et il est le symbole du pouvoir. Autrement dit, qu'il est le symbole du pouvoir procréateur peur les deux sexes *, et que la castration, si elle est bien perte de pouvoir, tant pour les hommes que pour les femmes, ne s'inscrit pas de la même façon dans leurs corps. Freud ne tient pas compte de cette différence et c'est pourquoi son matériel devient obscur et lacunaire ; pour pénis et phallus sont intimement et exclusivement liés, et si une femme est phallique, c'est forcément qu'elle a usurpé l'organe mâle : il n'existe pas, pour les enfants, d'organe féminin, comme il n'existe pas, pour la société, de pouvoir féminin, sauf celui que les femmes arrachent abusivement en se parant d'une qualité réservée aux seuls hommes. Freud écrit : « Le caractère principal de cette orga- nisation génitale infantile est ce qui la différencie de * Ainsi appelle-t-on phallicisme le culte des organes génitaux, Ieprésentant des entités dotées d'un grand pouvoir reproduc- teUr, que celles-ci soient mâles ou femelles : Hermès, Cybèle, Siva, rarvati. -, Le plus souvent, le culte ne s'adressait pas aux organes gé- ptaux seuls, mais à des statuettes humaines dotées d'organes génitaux particulièrement évidents : Priapes, statuettes nues de déesse Ishtar... Etaient considérés comme phalliques aussi bien la représenta- tion du pénis (dieu Phallus, dieu Fascinus) que les représentations des organes sexuels féminins, voire les accouplements et les accouchements. (Enciclopedia Italiana, Trecani, vol. xiv, p. 750.) 197

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