Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin
LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE l'oxygène, de l'autre de l'hydrogène ; l'eau elle-même, phy- siquement, a disparu. Dans l'inconscient, tout existe en même temps, tout coexiste ; c'est ce que nous risquons d'oublier lorsque nous essayons de l'analyser pour y voir plus clair. Ainsi dans l'inconscient de la fillette, tout existe simultanément : elle « sait » que son clitoris va pousser et se transforiner en pénis ; elle sait qu'elle n'a pas de pénis et n'en aura jamais (et donc elle le désire) ; elle sait qu'elle possède vagin et utérus, et qu'un jour elle aura des enfants... Je pense donc que la petite fille connaît — inconsciem- ment au moins — son corps, et qu'il lui est aussi difficile de se concevoir uniquement pourvue d'un attribut mascu- lin qu'il le serait, pour un petit garçon, de se concevoir sans *. Nous aurions donc, si nous acceptions l'hypothèse d'une petite fille ignorant le vagin : d'un côté un petit garçon si conscient de son corps et de l'importance de ses organes sexuels qu'il ne pourrait concevoir nul être dépourvu de pénis ; et de l'autre, une petite fille si peu consciente du sien, qu'elle se vivrait dotée d'un pénis imaginaire et dépouillée de ses propres organes génitaux. Comme le dit Freud : « Ici notre matériel devient - d'une façon incompréhensible — beaucoup plus obscur et lacunaire » En effet ! Je voudrais donc essayer de rendre le problème un peu moins « incompréhensible » tout en utilisant le même * On sait quelles perturbations majeures entraîne pour le garçon le fait de se vivre comme castré. 9. Freud, La Disparition du complexe d'OEdipe, P.U.F., p. 121. 196
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