Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LES SOURCES INCONSCIENTES DE LA MISOGYNIE Mais on nous affirme aussi que la fille, lorsqu'elle dé- couvre le splendide organe sexuel mâle, contemple avec désespoir son pauvre petit organe « un peu court », et affirme qu'il grandira. Ce qui fait qu'on ne sait plus bien "si la fillette se voit comme castrée ou comme en attente de ce qui fera gran- dir son organe sexuel*. Ce n'est pas tant la contradiction que cela implique qui est gênante (on sait du reste que la logique de l'inconscient n'est pas celle du conscient, et que deux — ou plusieurs — choses incompatibles pour la logique consciente coha- bitent fort bien dans l'inconscient) mais plutôt le fait que cette théorie nous oblige d'une part à avoir recours à des contorsions intellectuelles par trop importantes, de l'autre à nier à la femme toute perception de son propre corps. Ces difficultés m'ont conduite à chercher une explica- tion plus simple et plus proche de la réalité, me semble- t-il ; je ne puis en effet comprendre une revendication féminine d'un pénis/phallus/pouvoir, que comme une formation réactionnelle secondaire de défense, je voudrais presque dire : de soumission à un schéma étranger. Beaucoup d'analystes, depuis le fameux : « le vagin qui n'est pas découvert est un vagin nié » ont confirmé qu'il leur paraissait impossible d'admettre, chez les petites filles, une telle méconnaissance de leur corps. Il est bien * Je rappelle que, suivant cette théorie, la fillette se vit, non seulement comme devant posséder un jour un pénis, mais encore comme dépourvue de vagin. 8. Karen Horney, « The dread of woman », Journal of psy- choanalysis, p. 358. 194

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