Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

INTRODUCTION génitrice, géniture, biens, tout appartient en commun à la famille ; seule la femme ne possède rien '. » Le problème est un peu différent au Tibet, où la femme, au contraire, peut posséder de grands biens. Alexandra David-Neel, qui connaît admirablement ces régions où la polyandrie est largement répandue écrit, dans un rapport destiné au musée de l'Homme, que, contrairement aux femmes de l'Inde et de la Chine, auxquelles on enjoint strictement soumission et efface- ment, les Tibétaines sont robustes, délurées, joyeuses et braves. Elles sont exclues de l'héritage paternel, mais l'héritage maternel leur revient. On pourrait donc supposer que là, quelque égalité existe. Il n'en est rien car, au Tibet, la vie religieuse est la grande affaire et « en Asie, la religion est spécialement affaire d'hommes. Le Tibet ne fait pas exception. Ses femmes peuvent bien s'être fait une place importante dans la vie sociale laïque, elles n'en restent pas moins à l'écart du monde religieux, ou n'y occupent qu'une situation effacée 8. » On voit que, chaque fois que les femmes obtiennent l'égalité sur un point, c'est que ce point est secondaire. Quelques femmes, rares, sont pourtant vénérées sur le Toit du Monde ; ce sont des dames-ermites, qui vivent seules au désert dans des huttes autour desquelles les neiges hivernales dressent pendant des mois un rempart impénétrable. Elles sont érudites, philosophes ou mysti- ques, et les bonnes gens « hésitent à les reconnaître pour 7. Georges Raynaud, La Polyandrie, Ed. Sté d'Ethnographie, P. 7. 8. Alexandra David-Neel, Femmes du Tibet, Musée de l'Homme, Paris, Ds 792 Dz. 23

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