Les Sources Inconscientes de la Misogynie - Gabrielle Rubin

LE PHALLUS ET LE POUVOIR avons décrit se rapporte seulement à l'enfant masculin*. » Ernest Jones — et Mélanie Klein — ne pensent pas non plus que la fille se vive obligatoirement comme pour- vue d'un pénis (elle et toutes les autres femmes). Jones écrit : « Freud soutient que lorsque le désir de la fille de posséder un pénis est déçu, il est remplacé par le désir d'avoir un enfant. Toutefois, je serais plutôt d'accord avec la thèse de Mélanie Klein selon laquelle l'équation pénis- enfant est innée, et que le désir de la fille d'avoir un enfant — tout comme celui de la femme normale — est la continuation directe de son désir allo-érotique d'un pénis. Ce qu'elle cherche, c'est plus le plaisir d'incorporer un pénis et d'en faire un enfant, que le fait d'avoir un enfant parce qu'elle ne peut pas avoir un pénis à elle'. » Pour ces psychanalystes, c'est donc le désir d'avoir un enfant qui induit l'envie du pénis, et non le contraire. Mais si l'on continue à soutenir que la fille désire un pénis, phantasme « son » pénis de façon innée, alors les choses s'embrouillent au point de devenir rapidement in- compréhensibles ; la fille, nous dit-on, d'abord satisfaite de son clitoris, le compare à l'organe sexuel du garçon, et trouve le sien « un peu court a». (Pourquoi ? Pourquoi ne trouverait-elle pas le pénis « un peu long » ?) « L'en- fant ne comprend pas que son manque actuel de pénis est un caractère sexuel, mais elle l'explique par l'hypothèse qu'elle a possédé autrefois un membre tout aussi grand, et qu'elle l'a perdu par castration'. » 4. Freud, La Disparition du complexe d'OEdipe, P.U.F., p. 21. 5. Ernest Jones, Théorie et pratique de la psychanalyse, Payot, p. 431. 6 et 7. Freud, La Disparition du complexe d'OEdipe, P.U.F., p. 121. 193

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